Œuvre produite par le Fonds cantonal d'art contemporain, Genève pour le programme MIRE. Diffusée sur l'écran de la gare de Champel de mars à novembre 2024.
Sara Sadik est née en 1994 en France. Elle obtient un diplôme national supérieur d'expression plastique à l'École des beaux-arts de Bordeaux en 2018. Sa pratique multidisciplinaire mêle performance, vidéo, installation et photographie. S'inspirant de musique, de mode, de jeux-vidéos et de culture populaire en général, son œuvre explore les masculinités, notamment celles de jeunes hommes issus de la banlieue française, et tente de donner une place à l'héritage maghrébin. La notion d'appartenance est également au centre de ses vidéos et performances, qui questionnent la place des personnes marginalisées et invisibilisées dans la société. Pour décrire son travail, l'artiste a imaginé le terme beurcore, un néologisme qui renvoie à la culture de la jeune diaspora maghrébine française. Ses créations sont présentées en France et à l'étranger dans de nombreux cadres. Ses performances Allo Le Bled et Le cœur qui brûle, sentiments glacés ont été présentées en 2019 au Palais de Tokyo (Paris) pour la première, et en 2023 à la Villa Medici (Rome) pour la seconde.
Avec O'Max World, Sara Sadik met en scène une expérience sociale sous la forme d'une télé-réalité. Trois hommes se retrouvent confinés dans une maison de rêve, filmés sous tous les angles autant dans leurs interactions en groupe que dans des moments plus personnels. La fiction ainsi créée nous montre des hommes dans leur intimité et porte un regard tendre et dénué d'ironie sur leur relation. Le spectateur est alors témoin d'une amitié nouvelle et touchante entre les trois concurrents. Au travers de cette vidéo, Sara Sadik détourne les clichés de la télé-réalité, notamment ceux qui en font le lieu d'une compétition acharnée où l'amitié n'aurait pas sa place. Elle déconstruit également certains préjugés sur les hommes : la tendresse, très présente dans les interactions entre les trois concurrents, n'est pas fréquente chez les participants masculins de jeux télévisés, qui ont tendance à adopter une position d'hommes forts ne laissant pas transparaître leurs émotions. Les bribes de vie ainsi capturées apparaissent de plusieurs manières : des scènes retransmises sur trois moniteurs de type caméra de surveillance alternent avec des plans panoramiques occupant la totalité de l'écran. La présence du triptyque de moniteurs, ainsi que les caméras de surveillance visibles sur les côtés de l'écran, évoquent les thèmes de la surveillance et de l'observation. La narration ne suit pas un déroulement linéaire, mais consiste plutôt en une juxtaposition de moments courts. Ce traitement narratif rend saillante l'absurdité de la surveillance pratiquée dans les jeux-télévisés.
Sara Sadik was born in France in 1994. She graduated from the École des Beaux-Arts in Bordeaux with a Diplôme National Supérieur d'Expression Plastique in 2018. Her multidisciplinary practice combines performance, video, installation and photography. Drawing inspiration from music, fashion, video games and popular culture in general, her work explores masculinities, particularly that of young men from the French suburbs, and attempts to give a place to North African heritage. The notion of belonging is also central to her videos and performances, which question the place of marginalised and invisible people in society. To describe her work, the artist has coined the term beurcore, a neologism that refers to the culture of the young French North African diaspora. Her work has been presented in a wide range of settings in France and abroad. Her performances Allo Le Bled and Le cœur qui brûle, sentiments glacés were presented in 2019 at the Palais de Tokyo (Paris) for the former, and in 2023 at the Villa Medici (Rome) for the latter.
In O'Max World, Sara Sadik stages a social experiment in the form of a reality show. Three men find themselves confined to a dream house, filmed from every angle, both in their group interactions and in more personal moments. The fiction thus created shows the men in their intimacy and takes a tender, unironic look at their relationship. The viewer witnesses a new and touching friendship between the three competitors. In this video, Sara Sadik turns the clichés of reality TV on their head, in particular those that make it a place of fierce competition where friendship has no place. She also deconstructs certain prejudices about men: tenderness, which is very present in the interactions between the three contestants, is not common among male game show participants, who tend to adopt a position of strong men who don't let their emotions show. The snippets of life captured in this way appear in a number of ways: scenes relayed on three surveillance camera-style monitors alternate with panoramic shots occupying the entire screen. The presence of the triptych of monitors, and the surveillance cameras visible on the sides of the screen, evoke themes of surveillance and observation. The narrative does not follow a linear sequence, but rather consists of a juxtaposition of short moments. This narrative treatment highlights the absurdity of the surveillance practised in televised games.