Œuvre coproduite par le Fonds cantonal d'art contemporain, Genève, avec le Fonds d'art contemporain de la Ville de Genève pour le programme MIRE. Diffusée sur les écrans de la gare de Chêne-Bourg, à partir d'octobre 2024.
Nous n’avons pas besoin de nous connaître à l’avance est une œuvre vidéo hybride, qui alterne des moments de performance dansée, des images d'archives et des citations textuelles. Gabriela Löffel s'appuie sur l'aspect politique de l'espace public pour construire sa réflexion et développe une sorte d'essai visuel qui met en scène la "performativité des corps dans cette zone d'action politique". En puisant dans l'œuvre écrite de Judith Butler, philosophe et théoricienne du genre états-unienne qui a énormément travaillé sur la question du corps et de sa représentativité normée dans nos sociétés contemporaines, Löffel donne véritablement une corporéité aux questions soulevées par l'auteure. Les citations issues de l'œuvre de Butler sont données à voir en parallèle aux éléments dansés et archivistiques de la vidéo. En proposant d'ailleurs une multiplicité d'images, ainsi qu'un double point de vue sur les danseur·euse·s, l'artiste fait écho au principe d'inclusivité évoqué dans la théorie de Butler. La caméra presque fixe permet d'examiner en détail les gestes lents et précis des danseur·euse·s. Les déplacements de l'appareil sont presque imperceptibles, tant ils sont subtils. L'artiste et le chorégraphe Cédric Gagneur ont étroitement collaboré afin de définir les divers mouvements qui composent la chorégraphie : ils proposent une abstraction des gestes de résistance ou de révolte, tirés des images d'archives issues de la collection des Archives contestataires de Genève. La lenteur et le silence habitent la pièce et donnent suffisamment d'espace au corps pour qu'il puisse se déployer de manière individuelle ou en collectivité. L'œuvre propose ainsi une dialectique du potentiel de revendication dans l'espace public.
Nous n’avons pas besoin de nous connaître à l’avance is a hybrid video work that alternates moments of dance performance with archive footage and textual quotations. Gabriela Löffel draws on the political aspect of public space to construct her thinking, developing a kind of visual essay that stages the ‘performativity of bodies in this zone of political action’. Drawing on the written work of Judith Butler, an American philosopher and gender theorist who has worked extensively on the question of the body and its normalised representativeness in contemporary society, Löffel gives real corporeality to the issues raised by the author. Quotations from Butler's work are shown alongside the danced and archival elements of the video. By offering a multiplicity of images, as well as a double point of view on the dancers, the artist echoes the principle of inclusivity evoked in Butler's theory. The almost fixed camera allows us to examine in detail the slow, precise movements of the dancers. The camera's movements are almost imperceptible, so subtle are they. The artist and choreographer Cédric Gagneur worked closely together to define the various movements that make up the choreography: they propose an abstraction of gestures of resistance or revolt, drawn from archive images from the collection of the Archives contestataires de Genève. The piece is inhabited by slowness and silence, giving the body enough space to unfold individually or collectively. The work offers a dialectic of the potential for protest in the public space.